dimanche 11 mai 2014

Les ingrédients pour que la France devienne une "Start up République"

Dans cet article, Fleur Pellerin veut faire de la France une "start up" : 5 ingrédients pour que ça marche - le Plus, Patrick Robin et Jean-David Chamboredon développent sous plusieurs formes l'idée récurrente de transformer les français épargnants en investisseurs, avec toutefois le souhait que ces investissements ne se retrouvent pas en Bourse mais bien dans l'économie des TPE/PME de France, celle non côtée en bourse, celle que nous cotoyons tous les jours.

Ils témoignent là d'un besoin des entrepreneurs, des chefs d'entreprise qui ont besoin d'investir en permanence pour que leur entreprise fonctionne, pour pouvoir continuer et ne pas stagner. Ils ont raison ! Ils ont plus que raison ! L'argent épargné par les Français (3 090 Milliards d'€ uniquement en épargne financière - càd en retirant l'épargne "immobilière") pourrait couvrir la dette française. Alors, n'en solliciter qu'un bout, (5% comme suggéré dans l'article de Robin et Chamboredon, soit 154.5 milliars d'€) mettrait un grand coup d'air frais dans toutes nos entreprises. Pour mémoire, le "grand emprunt de Sarkozy" était de 35 milliards d'€. Donc oui, ils ont raison.

Mais, ils ne présentent qu'un aspect de la chose. Le strict besoin des entrepreneurs. Il manque, selon moi, deux aspects tout aussi important : comment entreprendre avec de l'argent qui n'est pas le sien et pourquoi les particuliers investiraient ainsi là où l'épargne est plus "sûre".

Ces deux derniers aspects relèvent plus du changement de comportement, d'usage et de culture. Ils doivent être les déclencheurs d'une prise de conscience des entrepreneurs et des particuliers de leurs liens indéfectibles entre eux, qu'ils le veuillent ou non, de manière directe ou indirecte. Que les uns n'existent qu'avec les autres et que leur évolution et leur chemin sont parallèles et de même niveau.

Tout d'abord, les entrepreneurs doivent apprendre aujourd'hui que l'entreprise "seule" en croissance  n'existe plus. Le contexte économique actuel implique de toujours pouvoir agir rapidement, ré-agir rapidement également. Or dans les TPE/PME, les entrepreneurs font souvent partie de la force de production ou en sont issus. Ils (elles) ont monté leur entreprise il y a quelques années, avant ou après la crise, mais avec un schéma entrepreneurial maintenant obsolète (mais le seul qui existe à grande échelle). Ils n'ont donc pas toujours la notion d'ouvrir leur capital à des investisseurs. La plupart ont peur, d'ailleurs, de perdre la propriété et donc le contrôle de leur entreprise. Or un investisseur, aujourd'hui, dans des TPE/PME, ce n'est pas un gros requin qui fait l'acquisition d'une entreprise dans le but de spéculer ou de "rhabiller la mariée" pour faire un gros bénéfice à court terme. Non, un investisseur, cela peut être également quelqu'un qui croit en l'entreprise et qui va apporter argent, connaissances, savoir-faire et réseau pour aider au développement d'une entreprise, avec en toile de fond de faire, oui, des bénéfices, mais certainement pas à très court terme. En france, mais pas seulement, on a coutume de croire qu'être gentil et aider sont des actions "bénévoles" et désintéressées. Et tout ce qui sera intéressé et recherchant du profit est méchant et a pour but de vous nuire. Eh bien non. Il existe des personnes, de plus en plus d'ailleurs, qui ont pour finalité d'aider, de participer au développement mais de manière intéressée. D'ailleurs, souvent, ceux-là même ont monté des entreprises beaucoup plus tôt et savent également ce que c'est. Ce ne sont donc pas de purs spéculateurs ou traders détachés des réalités économiques et du travail. Ce sont même bien souvent des chefs d'entreprises "locaux", qui comprennent la nécessité d'avoir un tissu économique local dynamique, riche, vivant car beaucoup plus solide et résistant aux aléas extérieurs. Bien sûr, toute aide de ce type a une contrepartie, puisque l'intéressement de la partie prenante existe. Il convient donc de trouver l'accord qui va bien entre l'entrepreneur et l'investisseur.

Ensuite, au niveau des particuliers, il est nécessaire d'un changement de mentalité. Oui, les gens ont un intérêt très fort à invesitr dans les TPE/PME, notamment celles qui se trouvent sur leurs territoires. Ce sont des TPE/PME qui aujourd'hui les emploient, emploient des conjoints, des membres de leur famille, des amis, des épouses d'amis, des amis d'amis, etc. Tout ce tissu économique est important pour la qualité de vie d'un territoire. C'est démontré à longueur d'études et d'années : si vous retirez les entreprises d'un territoire, ce territoire se meurt petit à petit : les gens vont chercher ailleurs l'emploi qui fait défaut. Oui, ces TPE/PME sont parmi les piliers qui rendent un territoire vivant et attractif. Il y a donc un lien très fort entre les habitants d'un lieu et son tissu économique. Il faut apprendre à ces personnes qu'investir dans une entreprise, bien sûr, c'est risqué, que ce n'est pas toujours gagné, mais d'un autre côté, pouvoir aider un entrepreneur soit avec des moyens financiers, soit, aussi, avec des compétences, c'est ce qui permet de maintenir l'activité économique. C'est aussi ouvrir la porte à l'innovation, à la créativité, à une richesse supplémentaire, non financière.

C'est un apprentissage simultané des entrepreneurs et des particuliers à mettre en place pour que conjointement, ils rendent plus solide et plus dynamique l'économie de leurs territoires, quelle que soit l'échelle de leur territoire.

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